Assaut du Gouvernement Général
assaut du QG à Alger
Et c'est la marée humaine qui s'ébranle, à l'assaut du système symbolisé par le bâtiment gigantesque du Gouvernement général. Chacun gravit les rudes escaliers du G.G. sans s'en rendre compte, porté par son voisin. Déjà sur l'esplanade les gendarmes mobiles sont aux prises avec les lycéens de Roseau, l'un des adjoints de Lagaillarde, et les étudiants. Devant le flot humain qui monte, menaçant, les grenades lacrymogènes sont impuissantes. Les gardes se retranchent à l'intérieur du G.G. dont ils referment les grilles à double tour. D'autres gardes mobiles qui se trouvaient en renfort, cachés par les lacets du Telemly, tentent de dégager la place d'Afrique. Echauffourées, grenades lacrymogènes. La foule un instant désemparée se rue sur les grilles qui résistent. Le colonel Ducournau, du cabinet de Lacoste, essaie de parlementer. Des volées de pierres jaillissent de la foule et fracassent les baies vitrées. Ducournau grimace, un pavé l'a atteint à un genou. Le colonel Godard tente lui aussi de défendre le G.G. Il donne l'ordre aux gardes mobiles de s'éclipser et aux paras du 3, eux aussi en réserve dans les lacets du Telemly, d'intervenir. Le colonel Trinquier envoie la compagnie du capitaine Planet sur le Forum. Les six camions à peine arrivés, les paras sont littéralement englués dans cette foule qui les acclame, les embrasse. Les filles ne sont pas les dernières ! Et elles sont nombreuses, de quinze à vingt-cinq ans, déchaînées, mais si jolies. Trinquier a pris les ordres de Godard. Il tente de réunir ses hommes, d'empêcher la foule d'entrer. Et là va se jouer la prise du G.G. . Lorsque Trinquier donne l'ordre de faire refluer la foule, les officiers qui n'attendent qu'une bonne occasion de lui foutre des bâtons dans les roues restent étrangement passifs pour des hommes d'action... Le général Allard, debout sur un camion, hurle dans un porte-voix, près de lui le colonel Thomazo gesticule.
13 mai 1958
C'est fini. Ou presque. Encore quelques volées de grenades lacrymogènes. Et un camion militaire conduit par un manifestant enfonce la grille principale sans qu'un para lève le petit doigt. La foule s'engouffre. Là-haut, au quatrième étage, paraît sur une plate-forme la silhouette de Lagaillarde. Il crie mais on ne l'entend pas. Il agite son béret. Le premier il a gravi les escaliers intérieurs du G.G. Personne n'a osé s'interposer. Il est décidé. Et armé. II invite la foule d'Alger à le suivre. La porte centrale en fer forgé vole en éclats sous la pression d'une automobile à laquelle les manifestants déchaînés ont fait franchir les quinze marches du perron ! Et c'est la cavalcade. Des centaines de manifestants crient, hurlent, envahissent les escaliers, les couloirs, les bureaux. On met le feu à la bibliothèque, de toutes les fenêtres tombe une neige de dossiers, de papiers, de livres et de cartes. C'est le sac du G.G. Les malins ont déjà puisé dans les feuilles de paie et dans les dossiers confidentiels. Pas perdus pour tout le monde ! Il est 18 h 45. Le Gouvernement général est pris. La puissance des Maison­neuve, Chaussade, Ducournau, Gorlin s'écroule. En même temps que la IV° République qui choit avec ces monceaux de dossiers qui volent par les fenêtres.
anecdote
accueil
Accueil
massu
rideau
Manif du 13 mai 1958